par Jean-Claude Vantroyen
Interview par Eddy Piron
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Prix Franc auteurs
Fidéline Dujeu primée à Bruxelles
WALCOURT – Le dernier roman de Fidéline Dujeu, « Angie », a été récompensé à Bruxelles avec le prix des FrancAuteurs.
Il y a un an, presque jour pour jour, nous ne manquions pas d’éloges dans nos pages culturelles pour le dernier opus de Fidéline Dujeu. Un roman d’une centaine de pages qui nous parlait d’un jeune garçon devenu sourd et qui se confiait à son journal intime. Cet ouvrage était, avions-nous écrit, un hymne à l’amour avec un grand A comme dans Angie. Toute l’émotion propre à l’auteure passait à travers son style, ses phrases courtes mais rythmées et toujours pleines de poésie. Et apparemment, nous n’avons pas été les seuls à être séduit par la qualité de l’œuvre puisque Fidéline Dujeu, qui manie le verbe de manière forte et juste, vient de se voir gratifier du prix des FrancAuteurs.
Le prix des FrancAuteurs
Sous cette dénomination se cache une association d’auteurs, de paroliers et de compositeurs belges. Les membres qui font partie de l’association doivent obligatoirement être inscrits à la SABAM puisque l’association émane de cette société. Chaque année, elle attribue trois prix : un de littérature, un de musique de variété et un autre de musique contemporaine. C’est en assemblée générale que se décide la désignation des lauréats qui sont eux, cités sur proposition d’un ou de plusieurs membres de l’assemblée. Le prix attribué n’a rien à voir avec des Césars ou des Oscars mais se veut plus comme un encouragement que comme un hommage. Il est évident que toujours, et c’est le cas de Fidéline Dujeu, l’auteur est considéré comme un écrivain de qualité et le prix ne cherche évidemment qu’à l’inciter à écrire d’autres beaux ouvrages. ¦
M.V.
Ce doit être ça l’amour
Ce doit être ça l’amour par Jeannine Paque Le Carnet et les Instants N°166
Oui, ce qu’en effet Fidéline Dujeu, dans Angie, approche par tous les chemins possibles et appelle de tous ses vœux pour ses personnages mais aussi pour chacun d’entre nous qui s’y prête bien volontiers. A commencer par la fin du récit, sans déflorer l’essentiel de l’histoire, il me semble indispensable de citer complètement le passage, dont j’ai extrait un fragment en guise de titre, et de poursuivre ainsi : « La peur mêlée au désir, ce doit être ça l’amour. Celui qu’elles m’ont enseigné. Aimer jusqu’au bout même si au bout, il y a la mort, la haine et la destruction. Prendre ce risque. » Pourquoi la fin et non le début dont j’aurais pu citer au moins ceci – « T’écrire. », une des paroles liminaires qui donnent un sens au discours qui va suivre, soit la seule façon de s’exprimer et la nécessité de s’adresser à quelqu’un(e), proférées en une fois ? Parce que la fin est dans le début ou l’inverse. C’est en effet le besoin de trouver ou de retrouver l’amour, de se le figurer, de l’affronter aussi qui motive ce chant qu’est le récit tout entier. Ce besoin qui habite un enfant d’abord, meurtri, blessé, atteint par la mort déjà, même si ce n’est pas la sienne, mais aussi par la vie qui est encore là, amoindrie, en l’absence du son, du bruit, de la joie qui pépie, si ce n’est vaguement devinée par le truchement d’appareils dont il se sépare aussi souvent que possible, parce que la vie elle-même n’est pas audible. Et pourtant d’une mère disparue une autre a surgi, bien plus présente, plus prégnante par exemple qu’un père s’éloignant à vive allure. Elle, Angie, et tout l’univers féminin qu’elle convoque à sa suite, peut tout : donner, refuser, chanter, étreindre, agresser et jusqu’à se volatiliser. Il faut bien cela pour favoriser le besoin impérieux de devenir un homme qui s’empare de Sylvain, dont nous allons suivre alors le parcours initiatique. Ange ou démon, qu’elle qu’en soit l’empreinte qu’Angie, la bien nommée tout de même, ait laissée sur ce petit qu’elle a chéri, perdu et gagné à la fois, et qui est devenu un homme, elle aura pour toujours la voix chaleureuse de ces chanteuses de blues qui se donnent sans compter. Un récit vibrant, palpitant de toutes ces sensibilités : celle d’un enfant, sourd ou plutôt assourdi d’émotion et qui retrouve le bonheur avec une acuité extrême ; celle de femmes, en elles et entre elles, si belles et mystérieuses dans leur façon de vivre l’amour ou d’en mourir.
Angie, le dernier roman de Fidéline Dujeu
WALCOURT – Angie est le dernier roman de Fidéline Dujeu, avec lequel elle entre dans la peau d’un jeune garçon sourd qui nous dévoile son journal intime.
Le lecteur reconnaîtra, à travers le dernier opus de Fidéline Dujeu, son verbe fort, ses phrases courtes, pleines de justesse et de poésie. Pas de mots redondants mais simples, à la manière d’un journal intime quelconque, sauf que celui-ci ne l’est pas. Il est tenu par un jeune garçon qui évolue vers l’âge adulte et qui exprime à travers son écriture, ses états d’âmes, ses questions, ses ressentiments, ses découvertes alors qu’il est en recherche du passé et surtout de sa mère, décédée il y a plus de dix ans. Le lecteur évolue avec le héros au rythme de ses jours.
Amour avec un grand A
Elle entre à pas de loup dans l’intimité du jeune garçon qui confie à son journal ses états d’âmes et qui exprime certaines incompréhensions face à des situations qu’il ne maîtrise pas nécessairement.
« Angie » est en fait un roman d’Amour avec un grand A car ce sentiment est omniprésent et évolue entre celui de maternel, de filial et de celui qui lie ou sépare.
Et la question surgit à un moment donné : l’amour n’est-il finalement pas le héros vu sa place prépondérante ?
Si la trame est noire, si la situation du héros est parfois pénible, si certains faits sont lots du quotidien, jamais Fidéline ne verse dans la banalité ou le mélo. Au contraire, les sentiments de Sylvain, le héros, ou mêmes ceux d’Angie ainsi que leurs réactions, sont presque cornéliens mais si humains à la fois.
Le livre fait un peu moins de 100 pages et, une fois commencé, on n’a de cesse de le lire entièrement car, en sus de ces personnages parfaitement typés, il règne un suspens qui ne se départira jamais. Même quand la situation semble dénouée, l’histoire est loin de s’achever. Du bel art ! M.V.
Prix du Comité des Usagers de la Province du Hainaut
Mardi 27 janvier 2009 à 19h, une rencontre littéraire avec l’auteure de « Guère d’homme » est organisée à la Bibliothèque centrale provinciale.
Fidéline Dujeu reçoit le Prix du Comité des Usagers !
C’est l’histoire d’une femme en quête d’un amour passé qui attend, qui craint le désamour, une crainte ancestrale. C’est l’histoire d’une femme qui traque sa souffrance au-dedans d’elle-même, au-delà du temps, au détour d’une guerre.
Fidéline Dujeu écrit des romans courts, tristes et gris. Il faut gratter pour rêver le bonheur. En vérité, Fidéline Dujeu écrit des romans à l’eau presque rose… Elle. L’écrivaine, l’écrivante. Ecrit sa mère, l’invente, la traverse, de vie à mort, de mort à vie. Elle se cherche sur ce chemin-là, celui de ce passé qui hante le creux de son ventre. Marie-Rose. La mère, la grand-mère, l’amante, la femme. Née à elle-même au début d’une guerre, seule, oubliée peut-être, en lutte pour la vie, contre l’amour qui la mange, sournois.
« Coquillages » et l’ « Ile berceau », les deux premiers romans de Fidéline Dujeu, ne laissaient planer aucune équivoque. Cette habitante de la verte région de Philippeville aime… la mer. Les plages battues par le vent, le clapotis des marées, le chant des sirènes, les cris des mouettes. Tous les petits bruits de la vie maritime qu’elle écoute avec recueillement, tous les silences aussi. Ces silences, ils font de la musique avec les mots, ils se lisent dans des histoires habilement menées, ils s’intègrent dans le corps des personnages. Des personnages doux mais non dénués de fêlures, forts et fragiles. Humains, infiniment humains, à l’image de Marie-Rose, l’émouvante héroïne de « Guère d’homme ». A l’image aussi de leur jeune conteuse qui consacre sa vie à l’écriture, à la lecture et à l’éducation de ses enfants.